Agissons maintenant : L’inclusion des migrants dans l’action climatique n’est pas un choix, mais une obligation
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Agissons maintenant : L’inclusion des migrants dans l’action climatique n’est pas un choix, mais une obligation
Genève – Les effets néfastes du changement climatique et de la dégradation de l’environnement sont de plus en plus responsables de la mobilité humaine partout dans le monde, en particulier dans les pays fortement exposés à ces phénomènes et dont les capacités d’adaptation sont faibles. Si dans la plupart des cas, la mobilité liée au climat ne déborde pas les frontières nationales, le désespoir et la dégradation de la situation peuvent aussi pousser des populations à recourir à la migration irrégulière pour trouver des moyens de subsistance ailleurs. Les incidences négatives du changement climatique n’épargnent personne ni aucune région du monde. Toutefois, les personnes qui sont déjà en situation de vulnérabilité pour des raisons géographiques ou à cause de la pauvreté, du genre, de l’âge, du handicap, de l’origine ou d’un autre facteur, notamment les femmes migrantes qui dépendent de moyens de subsistance sensibles au climat ou les enfants dont la capacité de survie face à des phénomènes météorologiques extrêmes est plus faible, sont les plus exposées aux risques de préjudice. Il est impératif de tenir compte de cette réalité et de prendre des mesures concrètes pour protéger les droits de l’homme des personnes les plus touchées par le changement climatique, y compris les migrants.
À l’occasion de la 27e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 27), le Réseau des Nations Unies sur les migrations appelle les États Membres à saisir les possibilités qui s’offrent de travailler à l’adoption de mesures durables et fondées sur les droits en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique pour faire face à la mobilité humaine[1] dans ce contexte, conformément aux recommandations de l’Équipe spéciale chargée de la question des déplacements de population de la CCNUCC.
Le Réseau exhorte les États à coopérer avec les entités des Nations Unies compétentes et tous les partenaires pour trouver des solutions sans exclusive en faveur des personnes les plus touchées, y compris celles qui restent sur place, celles qui se déplacent à l’intérieur de leur propre pays et celles qui migrent par-delà les frontières, tout en reconnaissant pleinement le rôle que joue la migration en matière d’adaptation dans ce contexte. S’il est vrai que des progrès ont déjà été accomplis en vue de l’intégration de la migration dans les stratégies et politiques d’adaptation au changement climatique, il reste encore beaucoup à faire. Comme l’avait reconnu la COP 26, il existe encore des lacunes en matière de prévision et de planification en cas de situation pouvant engendrer une mobilité liée au climat, et les efforts visant à atténuer les effets néfastes du changement climatique et à s’y adapter, y compris par une mobilisation des ressources, sont insuffisants.
Le Réseau invite les États à prévoir dans leurs stratégies d’atténuation et d’adaptation au changement climatique des voies de migration régulière qui garantissent les droits de l’homme et permettent d’assurer la mobilité de la main-d’œuvre, un travail décent, l’admission et le séjour pour raison humanitaire, le regroupement familial, des possibilités d’éducation, le parrainage privé et l’exemption de visas, afin d’aider les communautés à renforcer leur résilience au changement climatique et à s’adapter grâce à la mobilité. Des progrès ont été réalisés à cet égard comme en témoigne la conclusion d’accords bilatéraux et régionaux de migration de main-d’œuvre ou la création de catégories de visas spéciales visant à permettre aux personnes touchées par le changement climatique de migrer de manière régulière ou de rester dans leur pays de destination.
Conformément aux engagements énoncés dans le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et réaffirmés dans la Déclaration sur les progrès réalisés issue du premier Forum d’examen des migrations internationales, qui s’est tenu à New York en mai 2022, le Réseau réitère son appel aux États Membres pour qu’ils formulent des politiques et des plans d’action inclusifs en matière de migration et de changement climatique, qui garantissent la participation pleine et effective des migrants en tant que titulaires de droits. Le Réseau rappelle également aux États que toute mesure ou législation régissant ou concernant directement la mobilité humaine dans le contexte du changement climatique doit respecter les obligations en matière de droits de l’homme qui leur incombent.
- Renforcer le soutien fourni aux pays et aux personnes touchées en mobilisant efficacement des fonds suffisants à l’appui de l’action climatique, notamment en investissant dans des systèmes d’alerte précoce et dans la préparation, et en s’attaquant aux conséquences des pertes et préjudices économiques et non économiques, notamment pour ce qui concerne les migrants ;
- Faciliter une transition juste vers des économies et des sociétés vertes et viables sur le plan environnemental, notamment en créant des systèmes de santé résilients au climat et en promouvant la résilience, un développement équitable, la justice sociale et le travail décent, grâce à la mobilisation des compétences et de l’expérience des migrants, avec l’appui des entreprises, des employeurs, des syndicats et des organisations de travailleurs, et en tirant parti de leurs contributions au développement durable ;
- Renforcer et diversifier les possibilités de migration régulière soucieuses du climat, notamment en créant des voies régulières de mobilité de la main-d’œuvre, en veillant à ce qu’elles soient accessibles à tous, y compris les femmes et les enfants, en tant que solution d’adaptation et comme moyen de prévenir les situations de vulnérabilité et d’y faire face ;
- Renforcer l’action et la coopération régionales et internationales pour faire face avec efficacité à la migration liée au climat à l’échelle locale, nationale, régionale et mondiale à la faveur de politiques et de plans d’action concertés sur le changement climatique et la migration, notamment en œuvrant avec cohérence dans tous les forums multilatéraux pertinents ; et
- Favoriser la prise de décisions fondées sur des éléments factuels et la ventilation des données à l’appui de la coopération et d’une action climatique renforcée.
Notre avenir commun dépend de la réalisation du droit fondamental à un environnement propre, sain et durable pour tous. Les corrélations entre le changement climatique, les droits de l’homme et la migration sont évidentes. La communauté internationale ne peut pas attendre plus longtemps. C’est maintenant qu’elle doit agir pour protéger l’environnement dans l’intérêt des générations d’aujourd’hui et de demain.
Le Réseau des Nations Unies sur les migrations a été créé pour apporter aux États Membres un soutien efficace, rapide et coordonné à l’échelle du système dans la mise en œuvre, le suivi et l’examen du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Si son mandat est centré sur la migration, le Réseau appelle néanmoins les États à appliquer ces recommandations aux personnes déplacées, aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, et à protéger les droits de l’homme de chacun de la même manière, quel que soit le statut migratoire.
Pour de plus amples informations, veuillez contacter :
Réseau des Nations Unies sur les migrations (Secrétariat)
fkim@iom.int fkim@iom.int, +41 797 480 395
[1] La mobilité humaine liée au changement climatique s’entend des migrations, des déplacements et des réimplantations planifiées, comme indiqué dans les objectifs 2 (paragraphe 18 j)) et 5 (paragraphe 21 h)) du Pacte mondial sur les migrations et tel que convenu dans le cadre de processus pertinents de la CCNUCC, notamment les recommandations du Comité exécutif du Mécanisme international de Varsovie et de l’Équipe spéciale chargée de la question des déplacements de population.
*Toutes les références au Kosovo doivent être comprises dans le contexte de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité des Nations Unies.
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